jeudi 14 janvier 2010

La réforme du lycée

Cette réforme verra le jour, sous forme de décrets et arrêtés qui devraient être publiés à la fin du mois de janvier et prendra effet à la prochaine rentrée scolaire en septembre 2010. Ce n'est pas la grande réforme de l'enseignement dans laquelle chaque gouvernement et son ministre de l'éducation se prennent systématiquement les pieds depuis des décennies mais des adaptations que l'on pourrait qualifier de marginales qui suscitent l'intérêt pour certaines mais également des questions pour d'autres.
Au demeurant le choix de la voie réglementaire au détriment d'une loi qui aurait été débattue au parlement démontre juridiquement les limites du texte (l'article 34 de la constitution française réserve au domaine de la loi de poser les grands principes en matière d'enseignement) puisque en se référant à la distinction ancienne mais toujours d'actualité «c'est aux lois à poser dans chaque matière les règles fondamentales et à déterminer les formes essentielles. Les détails d'exécution […] sont du ressort des règlements».
Ces "détails" ont fait l'objet de débats qui se sont déroulés le 10 décembre dernier devant le conseil supérieur de l'éducation (CSE) et ont abouti à l'adoption des différents textes proposés, ce qui est semble t-il une première pour cet organe représentatif et pléthorique (97 membres parmi lesquels notamment des représentant des organisations syndicales d'enseignants , des fédérations de parents d'élèves , des lycéens etc...). Pour mémoire la loi Fillon y fut rejetée par 39 voix contre 4 les et la réforme de Robien en 2007 sur le primaire également rejetée par 41 voix contre 6.
Il n'y a pas pour autant consensus, les textes ont été adoptés, souvent, à de courtes majorité, néanmoins il est difficile de ne pas y voir le signe d'une volonté de sortir l'école de son cadre uniforme et sclérosé. La modestie des propositions il est vrai facilitait ce choix.
Permettre la réorientation, rééquilibrer les séries en revalorisant la série littéraire, favoriser l'autonomie des élèves par l'usage d'autres méthodes de travail, on ne peut qu'approuver mais en revanche, plus que le déplacement des horaires d'histoire et géographie de Terminale en première, c'est l'éclatement des sciences économiques où la place de l'économie est renforcée au détriment les sciences sociales qui inquiète.
L'idéologie du désengagement généralisé de l'état laisse également dubitatif sur les chances de voir cette réforme atteindre ses objectifs.
De tout cela nous avons débattu, un samedi après midi, avec quelques élèves du lycée, élus du CVL ou non mais assez unanimement opposés à cette réforme, nous avons confronté nos points de vue, réaffirmé notre opposition à leurs méthodes d'action et nous nous sommes inquiétés de les voir se focaliser uniquement sur ces méthodes au détriment d'une réelle réflexion sur cette réforme.
Leur blog montre que la réalité est plus complexe et il ne faut pas être grand clerc pour saisir derrière ces mouvements, avant tout, une défiance à l'égard d'un système éducatif souvent considéré comme injuste, inégalitaire et simplement même ennuyeux .
La réforme à Montaigne se met en place avec une journée banalisée vendredi 15 janvier après midi, les élèves n'auront pas cours et les enseignants se réuniront afin de préparer la rentrée 2010.

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